Les ventes de
mélatonine explosent alors que sa consommation est loin d'être anodine ! La fameuse
hormone du sommeil, est commercialisée avec ou sans ordonnance en fonction du dosage. La loi française impose aux fabricants de compléments alimentaires d’abaisser la posologie en dessous du seuil des deux milligrammes,
seuil au-dessus duquel il s’agit d’un médicament vendu sur ordonnance :
o Le cerveau produit environ
0,4 milligramme de mélatonine : quantité physiologique.
o Les compléments alimentaires contiennent jusqu’à
1,9 milligramme de mélatonine : quantité non physiologique, très proche du
dosage médicamenteux.
o Les médicaments contiennent au minimum
2 milligrammes de mélatonine : quantité non physiologique, mais médicamenteuse, soumettant le produit à une
demande d’autorisation de mise sur le marché et à un suivi médical.
o Pour information, les concentrations autorisées
en Belgique sont proches des concentrations physiologiques de
0,4 milligramme. Si le produit est spécifiquement présenté pour permettre une absorption transmucosale dans la bouche et/ou le pharynx (en spray), la biodisponibilité est supérieure et ce produit peut donc être
considéré comme un médicament avec une dose journalière à partir de 0,2 milligramme !
Que dire de tous ces
compléments alimentaires pour le sommeil qui contiennent jusqu’à
1,9 milligramme de mélatonine, soit
seulement 0,1 milligramme de moins qu'un médicament ?
Effectivement, la mélatonine facilite l'endormissement. Cependant, elle n’a pas d’effet significatif sur la qualité ou la durée du sommeil. La mélatonine est pour la plupart de
synthèse, mais même d’origine dite naturelle, elle induit une sorte de
déprogrammation de votre cerveau à en synthétiser. Plus vous en prendrez, moins la glande pinéale chargée de la synthétiser en fabriquera, avec le risque de créer une
dépendance !. Il se produit le même phénomène avec toute substance que vous apportez à votre organisme qui va suppléer à une de ses fonctions,
l’organisme devient fainéant et dépendant !
La mélatonine, substance controversée ? En plus de ses effets sur l’horloge biologique, la mélatonine possède d’autres propriétés : modulation de l’humeur et du système immunitaire, régulation de la température corporelle et de la motricité intestinale. Elle possède également une action vasodilatatrice, vasoconstrictrice et pro-inflammatoire. Ces effets physiologiques peuvent, dans certaines conditions, ou lors d’interaction avec d’autres substances, conduire à l’apparition d’effets indésirables :
o Dans le cadre du dispositif national de
nutrivigilance, des signalements d’effets indésirables susceptibles d’être liés à la consommation de compléments alimentaires contenant de la mélatonine ont été rapportés à l’Anses .
o L’Agence met en évidence l’existence de populations et de situations à risque pour lesquelles la consommation de mélatonine sous forme de complément alimentaire doit être
évitée ou soumise à l’avis d’un médecin : femmes enceintes et allaitantes, enfants et adolescents, personnes souffrant de maladies inflammatoires, auto-immunes, d’épilepsie, d’asthme, de troubles de l’humeur, du comportement ou de la personnalité, ainsi que des personnes suivant un traitement médicamenteux. La consommation est également déconseillée pour les personnes devant réaliser une activité nécessitant une vigilance soutenue chez lesquelles une somnolence pourrait poser un problème de sécurité.
o
En l’absence de données suffisantes sur les effets à long terme de la consommation de mélatonine, l’Agence recommande de limiter la prise de ces compléments alimentaires à un usage ponctuel. o Au regard de la variabilité du statut et des limites réglementaires encadrant l’usage de la mélatonine au sein de l’Union européenne, et en l’absence de données suffisantes sur l’innocuité de la consommation quotidienne de 2 milligrammes de mélatonine, l’Agence
s’interroge sur la place de la mélatonine sur le marché sous forme de complément alimentaire à des doses comparables à celles du médicament. Elle estime nécessaire qu’un cadre réglementaire harmonisé soit défini au niveau européen sur la base d’études de sécurité conduites pour des doses inférieures à 2 milligrammes.
Appliquez le principe de précaution ! Ses effets à long terme étant mal connus, le dosage étant la plupart du temps quatre fois supérieur au dosage physiologique et se distinguant seulement de 0,1 milligramme du dosage médicamenteux, limitez-en l’usage !
Pour sécréter de la
mélatonine, la glande pinéale a besoin de
soleil, puisque c’est dans la journée qu’elle synthétise la mélatonine sous l’effet du rayonnement solaire mais aussi de
nutriments précurseurs de la synthèse de l’hormone. A cela, il faut évidemment ajouter une
hygiène de vie favorisant un bon sommeil.